L’argent dans le couple : fourmi ou cigale ?
Depuis un mois, je reçois en entretien un couple qui me règle la consultation chacun de leur côté : il fait un chèque de 25 euros et elle aussi. Ils sont mariés depuis 20 ans, lui a un bon travail, elle, est au chômage et n’a pas d’indemnités car elle travaille en free-lance.
En me payant ainsi, ils m’expliquent que du coup chacun se sent investi dans la démarche de réflexion : chacun paie sa part ! (Madame, tient vraiment à reconstruire son couple !)
L’argent est ici un marqueur d’implication, de chacun des conjoints.
L’argent : cause majeure de séparation dans un couple ! Pas l’argent en tant que tel, mais plutôt, le rapport que chacun entretient avec l’argent.
Notre rapport à l’argent est un révélateur de notre façon d’être au monde : cigale, fourmi ? Avec tout ce qui va avec comme cliché (quoique !) : la cigale qui fait parler son cœur, la fourmi qui est plutôt plus rationnelle…
Ce n’est pas un sujet qui se traite dès les premiers entretiens. Le couple est tout d’abord focalisé sur des problèmes liés aux sentiments, au manque de communication, d’affection, de sexualité, etc. La difficulté à s’entendre sur la partie budgétaire arrive en second plan. Et bien souvent on s’aperçoit que l’affect est très lié aux problèmes économiques : tout est mélangé.
Derrière la façon dont nous avons vu gérer l’argent dans nos familles se cachent des sentiments inconscients d’amour ou de non-amour, de reconnaissance ou de non-reconnaissance, de pouvoir, d’emprise ou de générosité, de partage, etc.
Bien souvent dans les couples rencontrés, l’argent vient questionner la reconnaissance.
Un homme, une femme, gagne plus que son conjoint, cela voudrait-il dire, qu’il ou elle a plus de valeur ?
Une femme décide de s’occuper des enfants et ne se sent pas légitime quand elle dépense l’argent du mari ! elle a du mal à se sentir valorisée puisque concrètement elle ne ramène rien à la maison !
Si l’un ou l’autre est au chômage, il peut s’interdire de dépenser, ou se sentir inutile, etc.
Dans tous ces cas on voit bien que le fait de gagner ou non de l’argent peut être associé à un manque de reconnaissance.
Ces situations créent des plus ou moins grosses blessures, des gênes, des inconforts dans le couple. Et souvent au lieu de dire son mal être, d’exprimer sa peur, son sentiment de non-reconnaissance on va critiquer telle ou telle dépense.
Ce sentiment de non-reconnaissance vient souvent toucher la façon dont nous nous voyons nous-mêmes.
Avons-nous de la reconnaissance pour nous même ? Nous sentons-nous reconnus par notre mari, notre femme pour ce que nous sommes, dans notre identité propre ?
Cette reconnaissance nous permet de valoriser notre être. Nous reconnaissons et valorisons qui nous sommes et cela n’est pas quantifiable, n’est pas monnayable ! Cela échappe à tout calcul.
Nous regardant et nous sentant regardés avec considération, notre réflexion en couple par rapport à ce thème de l’argent pourra être alors questionnée de façon beaucoup plus sereine.
Il sera alors possible de se servir de nos différences pour notre rapport à l’argent :
En harmonisant nos différences, en restant vigilants à bien séparer ce qui est de l’ordre affectif de ce qui est de l’ordre économique, le couple pourra alors danser sa vie comme la cigale, rassurée d’avoir économisé comme la fourmi !
Claire Deprey — Conseil conjugal et familial —Toulouse— 06 62 40 74 32