ADIEU

ADIEU

« Bonjour, on voudrait se séparer, mais bien se séparer, vous comprenez ? » Marina va droit au but, elle est émue. Ça y est, c’est décidé, je pars, ça fait trop longtemps… trop longtemps que je lui donne des signes, que je l’alerte sur nos dysfonctionnements, que je lui dis mes attentes. Joël, lui, m’apparaît comme sidéré. Il est venu sans conviction. Sans regarder Marina, il s’exprime avec une voix sourde : des signes ? Je ne les ai pas vus, tes signes, je ne les ai pas compris : me les as-tu seulement formulés ? Comment n’y ai-je pas cru ? Marina baisse les yeux et ne répond pas.

 

HISTOIRE

Alors oui, tous les trois nous revenons sur un passé douloureux. De ma place de CCF, je conserve une posture neutre et bienveillante, qui permette à chacun et de vider son sac et d’accueillir la plainte de l’autre.

Marina arrive avec ses préoccupations matérielles présentes et son souci pour que leurs deux enfants de 3 et 7 ans vivent cette séparation le moins mal possible. Joël, lui, est en quête d’explications : pourquoi en sont-ils  là tous les  deux ? Qu’a-t-il fait de mal ou que n’a-t-il pas fait ?

 

TROP TARD ?

On n’est plus au milieu du gué, non,  la décision est déjà prise. Ah… si nous étions venus il y a trois mois, soupire Marina, peut-être aurions-nous vu les choses différemment ? Peut-être. Cependant, nul ne réécrira l’histoire. Ici nous relions l’histoire singulière de ce couple à l’histoire personnelle de chacun. Nous faisons émerger ensemble les désirs de chacun :  que désirez-vous Marina ? Et vous, Joël, où en êtes-vous ?

Des entretiens il n’y en aura peut-être pas beaucoup, mais ils auront le mérite d’apporter quelques éléments à Joël qui semble dérouté et perdu : pourquoi maintenant, alors qu’il a fait tant d’efforts ? Et puis d’apaiser Maria qui se sent coupable d’être partie et de faire souffrir ses enfants. Comment les épargner ?

 

VERS UN À-VENIR

Écoute, respect, reformulation patiente : non, je ne suis pas magicienne et Joël et Marina le savent. Ce couple trouve ici une médiation, qui tient ici de l’équilibrisme.

Marina et Joël mettront à jour un événement clé ou parfois une myriade d’éléments qui ont pu marquer le début d’une dégradation de leur relation. Ils dévoileront peut-être aussi les bribes d’une souffrance individuelle venue d’une histoire ancienne et qui a pu se réveiller dans ce lien conjugal pas toujours ajusté. C’est douloureux. Mais c’est salvateur.

Je suis témoin discret de l’épreuve de vérité, qui permet à Joël comme à Marina de reprendre des forces et de s’autoriser à penser un nouvel avenir possible.