Quand l’idéal est un piège
« Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… » fin de lecture si douce à mon oreille lorsque j’étais enfant !
France Gall, Véronique Sanson, Michel Berger (pour ma part !) se sont chargés de nourrir mes fantasmes d’un amour fusionnel… idéal !!
Bien souvent, l’enfance, l’adolescence sont habitées par la quête d’un amour idéal : la rencontre de celui ou celle qui comblera totalement notre désir d’aimer et d’être aimé.
Or… L’idéal n’existe pas, ou si…seulement dans notre imaginaire. C’est chimérique.
Le contraire du mot « idéal », c’est le mot « réalité » et on sait que parfois se cogner à la réalité fait mal. Pour y échapper, nous tendons, dans notre société, à vivre idéalement.
En ce qui concerne la relation conjugale, Évelyne Sullerot (Sociologue féministe — co-fondatrice de l’ancêtre du planning familial) écrivait :
« Pour le meilleur et sans le pire ». Cela pourrait être l’adage des couples d’aujourd’hui : tout doit se passer idéalement ! On désire ce dont on rêve, plus que la réalité.
La recherche du couple idéal peut donc devenir un piège, une recherche dangereuse, une route mortifère…
J’imagine ce piège comme étant une multitude de murs se dressant entre les conjoints :
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- Sur le 1er mur serait tagué : idéaliser, c’est aspirer…
- Sur le 2e mur serait tagué : idéaliser, c’est mentir…
- Sur le 3e mur : idéaliser, c’est s’éteindre…
Tous ces murs viennent enfermer le couple dans son propre piège…
Au bout de quelques mois, de quelques années, la réalité de l’autre apparaît dans toute sa vérité. On se cogne aux murs…
L’idéalisation du couple est en effet un piège pour lui si ce dernier ne peut résister à la relation de dépendance, l’infantilisation, le manque de vérité qui entraîne tant de frustrations, de colère…
« Il n’y a pas d’amour réel, sans une part de deuil de nos fantasmes, de nos illusions. » Luc Shreiden
Comment abattre ses murs, comment s’évader des pièges qui emprisonnent ? En repensant l’idéalisation de notre relation, ne pas s’en priver, mais la penser en adulte !
Cette idéalisation de la relation est alors une aspiration des plus précieuses…
« Oui la rencontre amoureuse peut venir panser les blessures de l’enfance et nous permettre d’acquérir la sécurité affective dont nous avons manqué », nous dit B. Cyrulnik.
Déconstruire certaines de ses croyances, prendre conscience de la réalité de l’autre, faire le deuil de la relation consolatrice, accepter ses blessures, accueillir l’autre dans sa différence nous permettrait alors, d’envisager les choses bien différemment !
Il s’agit donc de découvrir ce qui pourrait être idéal pour nous dans la relation, tout en demeurant réaliste.
Cette recherche de relation idéale peut être l’occasion d’une belle ouverture à la liberté, à la vérité en osant exister tel que nous sommes face au regard de l’autre.
Et dans l’altérité, puiser les ressources nécessaires pour acquérir une maturité affective, vivre une relation avec authenticité en tendant vers un idéal de couple : chemin de vie !
Tendre vers un idéal, demande des efforts à consentir pour nous en rapprocher.
Ralph Waldo Emerson, poète américain, nous dit : « L’idéal de vie n’est pas l’espoir de devenir parfait, c’est la volonté d’être toujours meilleur »
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