Couper le cordon !

« Ma belle-mère ne m’accepte pas, elle ne m’aime pas, elle est distante… »

« Ma belle-mère est envahissante, possessive, écrasante… »

« Ma belle-fille est une peste, je ne supporte plus son comportement, elle me manque de respect… »

« Ma belle-fille me coupe de mon fils et de mes petits-enfants… »

La Bruyère écrivait : « Un beau-père aime son gendre, aime sa belle-fille. Une belle-mère aime son gendre, n’aime point sa bru. Tout est réciproque ! »1

Et Balzac : « Avoir sa belle-mère en province quand on demeure à Paris et vice versa est une de ces bonnes fortunes qui se rencontrent toujours trop rarement. »2

Pourquoi tant d’animosité parfois, et même souvent, dans certaines relations belles-mères/belles-filles ? Le mot « bru » déjà ne présageait rien de bon… (Pourquoi ? rien dans l’étymologie n’annonce une difficulté quelconque… ou bien il faudrait l’expliciter !)

C’est bien connu la relation mère/enfant est fusionnelle et le père doit faire un travail de séparation. SI cette séparation est mal faite ou pas suffisamment, les problèmes vont apparaître ; et particulièrement dans la relation mère/fils car, quand une femme surgit dans la vie du fils, il va y avoir une rivalité entre deux femmes. La « mère hégémonique », toute puissante dans la vie de son fils, va difficilement supporter une intruse, une « voleuse » de fils en quelque sorte.

En ce cas, c’est le fils qui va devoir faire ce travail de séparation. Il doit alors « quitter » sa mère pour s’attacher à une autre femme. La relation première dans sa vie ne sera plus avec sa mère mais avec sa femme. Il doit le faire comprendre à sa mère.

Les relations familiales ne vont donc pas être un long fleuve tranquille, et même si la belle-mère n’est quand même pas la méchante reine de Blanche-Neige, la cohabitation va se révéler compliquée, les relations tendues ou inexistantes.

Bien sûr, nous avons des cultures familiales bien différentes, des modes d’éducation divers et nous apportons tout ce bagage dans la corbeille de mariée. On ne va changer ni sa belle-mère, ni sa belle-fille, mais on peut tenter d’améliorer les choses.

Il s’agit de trouver la juste distance, d’être à la bonne place.

  • Côté belle-fille, essayons d’être compréhensive et de rester respectueuse, c’est quand-même la mère de notre homme ! Ne répondons pas du tac au tac, essayons d’avoir une communication polie et demandons-lui peut-être ce que nous pouvons faire concrètement pour que cela se passe mieux. Positionnons-nous en belle-fille capable (c’est moi qui rends son fils et ses petits enfants heureux et je suis digne d’être belle-fille). Gardons confiance en nous et en nos capacités de mère et de femme. Essayons de comprendre et de respecter nos différences. Et n’utilisons pas nos enfants pour l’atteindre.
  • Côté belle-mère, essayons de ne pas donner notre avis, surtout si on ne nous le demande pas. Même si ce n’est pas celle que nous aurions choisie pour notre fils, c’est justement elle qu’il a élue, alors respectons ce choix. Acceptons que ses méthodes soient différentes des nôtres (même si elles ont fait leurs preuves puisque nos enfants sont absolument pââârfaits…). L’éducation de nos petits-enfants ne nous appartient pas (hormis les règles de bases), n’allons donc pas à l’encontre de celle choisie par nos enfants. Ne soyons pas envahissante ni intrusive et respectons l’intimité du couple. Et gardons en tête que nous élevons nos enfants pour qu’ils grandissent et nous quittent pour voler de leurs propres ailes. Alors, de grâce, coupons le cordon et laissons nos enfants nous quitter, laissons-les construire leur vie sans intrusion ni jugement.

Soyons surtout lucides sur nos possibilités. Passer 2 ou 3 jours avec notre belle-famille, c’est déjà ça. Si une semaine semble insurmontable, soyons raisonnable, à l’impossible nul n’est tenu. Il vaut mieux un court moment qui se passe bien qu’une semaine de guerre des tranchées ! Mettons une juste distance entre nous, une distance « psychologique » voire géographique si nécessaire.

Perrine de Prémare, conseil conjugal et familial

  1. Jean de la Bruyère. Les caractères (1687)
  2. Honoré de Balzac. Physiologie du mariage (1829)
Perrine de Premare

Perrine de Premare, conseil conjugal et famillial.

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