Ne pas laisser passer mon tour…

Parmi les missions de la conseillère conjugale et familiale il y en a une qui me tient particulièrement à cœur, c’est celle de la prévention des violences intrafamiliales.

Elle est au cœur de chacune de mes activités de conseillère  : par les séances d’éducation affective relationnelle et sexuelle auprès des jeunes, les entretiens pour prendre soin de la relation au sein du couple  conjugal et parental, au sein de la famille, les ateliers de soutien à la parentalité, le travail de réseau avec les autres partenaires de la prévention… et puis, de plus en plus souvent, par l’accompagnement de ces femmes qui franchissent la porte pour oser dire comment ça se passe à la maison et se risquer à entendre que  leur souffrance peut rimer avec violence.

Pour toutes ces femmes que j’accompagne, j’ai choisi d’être là, de ne pas laisser passer mon tour, avant qu’il ne soit trop tard, bien dans la prévention… de ce qui pourrait arriver de pire.

Ne pas laisser passer mon tour c’est leur dire « je vous crois », « je peux vous aider », « ce n’est pas de votre faute ». Je leur demande comment elles vont, j’essaie d’évaluer avec elles leur sentiment d’insécurité pour elles et leurs enfants. Je peux rappeler qu’il existe une loi pour les protéger et qu’aujourd’hui nous savons que toute violence faite aux femmes est aussi une violence faite à l’enfant. Je leur dis aussi comme je les trouve fortes et courageuses de faire tout ce qu’elles font, d’être venues me voir… Ni fatalisme ni de levée de bouclier, mais plutôt une aide à reprendre pied dans le quotidien des jours, à faire des petits pas, à leur rythme, sur la route qu’elles choisiront de prendre, souvent avec beaucoup d’hésitations, parfois des retours en arrière.

Elles et moi, avec tous les autres acteurs de la prévention et de protection, nous allons construire pas à pas les étapes de leur chemin vers la liberté.