« Nous n’arrivons pas à nous parler »

« Quand j’exprime un besoin, il me trouve culpabilisante, » ; « Quand je lui dis ce qui ne va pas, il me dit que je suis invivable » ; « Si je me plains, ça le fait fuir »…
Aïe aïe aïe, vous connaissez l’importante de la parole et du dialogue, mais vous constatez que ce n’est pas facile ! Oui, il est vital de parler à l’autre, mais aussi de l’écouter. Vous avez besoin d’être entendu(e) et reconnu(e) comme vous êtes et non tel que l’autre voudrait que vous soyez.

La parole et l’écoute sont des lieux essentiels de déploiement de la vie de couple. Que ces lieux soient paisibles et la relation le sera, même s’il y a des désaccords et des choses à ajuster. Il y a différents niveaux de dialogue : le dialogue essentiel sur la vie de couple bien sûr ; et ces petites phrases de tous les jours qui semblent de faible importance, accessoires, mais qui ne le sont pas. Le niveau « accessoire » compromet parfois le niveau « essentiel ».

Pour améliorer le dialogue, il convient déjà peut-être de faire attention à ces échanges d’apparence banale, en prenant conscience de ce que l’on produit avec les mots et le ton que l’on emploie couramment à la maison. Exemples : « C’est jeudi, tu as encore oublié de sortir la poubelle ! » ; « Qui a encore laissé la lunette des toilettes levée !? » (avec un air exaspéré). Attention aussi à ce que l’on montre, ce que l’on dégage, notamment à travers le non verbal : un visage fermé, un regard réprobateur ou fuyant, etc. Il peut y avoir ici une forme de violence qui provoque désappointement, blessure, souffrance…

A contrario, on peut aussi envoyer des « messages-bonheur », positifs, qui transmettent de l’amour, de l’énergie, de la bienveillance : « Merci d’avoir pensé à sortir la poubelle » ; « Cela me fait plaisir que tu aies pensé à rentrer plus tôt ce soir », etc.

Une relation saine vous nourrit et nourrit le couple, rend la relation vivante. Mais si la relation n’est pas entretenue, elle se détériore, petit à petit, comme un jardin laissé en friche. Pour avoir un dialogue adulte, il faut se positionner clairement, sans tenter de se justifier ou de s’innocenter, ce qui est une posture infantile ; et bien sûr éviter d’être dans l’agressivité (ce qui peut arriver dès que l’on n’arrive pas à exprimer clairement ce que l’on ressent).

Si la tempête couve, l’urgence est de calmer le jeu, en commençant par les petits dialogues de tous les jours ; puis d’essayer d’affirmer ses besoins et désirs en faisant bien la différence entre les deux, et en acceptant sa propre vulnérabilité et celle de l’autre.

Quand c’est trop difficile, le Conseil conjugal et familial est là pour aider à renouer le fil du dialogue. Eh oui, c’est un métier.

Perrine de Prémare