De l’art du compliment
En des temps révolus, se transmettait une délicieuse coutume surannée : savoir tourner un joli compliment*. Cela nécessitait une belle langue, de la bienveillance, un soupçon de sincérité, une once d’intéressement parfois…
Aujourd’hui, une fois la déclaration d’amour enflammée (ou pas), après plusieurs années de vie commune, pourquoi ne pas redécouvrir l’art du compliment amoureux… ?
– Je réfléchis en premier lieu à toutes les précieuses qualités de mon (ou ma) chéri(e), à tout ce qui me plait ou m’a plu, aux petites choses qui font les délices du quotidien et qui nous aident à supporter les tracas qui pleuvent !
– Je tourne bien l’affaire, en vers, en prose, avec des anaphores (très en vogue en ce moment) ou autres figures de style aux noms si charmants (litote, oxymore, paronomase, homéotéleutes, tapinose, hyperbole, et autres acrostiches… un régal vous dis-je !)
– J’attends le résultat… Si, si, il y en aura forcément un (que je peux partager avec l’auteur.)
« Il est un homme qui a su faire de l’amour, une évidence au long cours (paronomase)
Un homme grand, charmant, galant, brillant, brûlant (homéotéleute)
Un homme qui me fait me sentir aimable, gracieuse et désirable.
Un homme capable d’une grande puissance intellectuelle, d’une suave douceur mais aussi d’une désarmante rigueur.
Un homme d’une précieuse gentillesse, généreux, désintéressé, parfois sombre et ténébreux, empli d’un mystère impénétrable que je ne cesserai jamais de percer.
J’aime son regard clair, droit et fier avec ce je ne sais quoi d’enfant égaré.
J’aime la peau de son cou à la lisière du col de chemise, j’aime ses mains d’une rugueuse douceur sur moi (oxymore)
J’aime son calme après la tempête qui me ferait presque aimer les orages pour la quiétude que procurent leurs résolutions ;
J’aimais son indulgence à mon égard, sa clémence.
J’aime sa présence, son insolence. Il est l’essence de mon cœur abimé, Il est mon carburant !
Et parfois en pleine journée, je suis saisi d’une forte émotion à son évocation, une mélancolie, un manque soudain et étrange.
Et cet homme, ce roc fragile sur lequel je m’appuie… c’est toi. **
Perrine de Prémare. Conseil conjugal
*Ce mot qui nous vient de l’italien “hommage”, de l’espagnol “abondance” et du latin “accomplir” est devenu bien ironique, aujourd’hui cf.on débite son compliment…
** Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé ne saurait être que purement fortuite !